28

L’hiver approchait, les heures du jour diminuaient, le soleil perdait de son intensité. Le monarque préférait la puissance de l’été et l’ardeur de son astre protecteur que lui seul pouvait regarder en face sans se brûler les yeux. Mais ce jour d’automne, d’une douceur enchanteresse, lui offrait une joie rare : une fin d’après-midi dans les jardins du palais, en compagnie de Néfertari, de leur fille Méritamon et de son fils Khâ.

Assis sur des chaises pliantes au bord d’une pièce d’eau, le roi et la reine observaient le manège des deux enfants. Khâ tentait de faire lire à Méritamon un texte difficile sur la nécessaire moralité d’un scribe, Méritamon voulait apprendre à Khâ la natation sur le dos. Malgré son caractère entier, le garçonnet avait cédé, non sans affirmer que l’eau était trop froide et qu’il allait s’enrhumer.

— Méritamon est aussi redoutable que sa mère, estima Ramsès. Elle charmera la terre entière.

— Khâ est un magicien en herbe… Regarde, il l’entraîne déjà vers le papyrus. Sa sœur lira le texte, de gré ou de force.

— Leurs précepteurs sont-ils satisfaits ?

— Khâ est un enfant d’exception. D’après Nedjem, le ministre de l’Agriculture, qui continue à veiller sur son éducation, il serait déjà capable de passer l’examen de scribe débutant.

— En a-t-il le désir ?

— Il ne songe qu’à apprendre.

— Donnons-lui la nourriture qu’il demande afin que sa vraie nature s’épanouisse. Sans doute aura-t-il beaucoup d’épreuves à surmonter, car les médiocres tentent toujours d’étouffer les êtres hors du commun. Je souhaite une existence plus paisible pour Méritamon.

— Elle n’a d’yeux que pour son père.

— Et je lui accorde si peu de temps…

— L’Egypte passe avant nos enfants, telle est la Règle.

Couchés à l’entrée du jardin, le lion et le chien jaune or montaient une garde attentive. Nul n’aurait pu s’approcher sans que Veilleur réveillât Massacreur.

— Viens, Néfertari.

La jeune reine aux cheveux dénoués s’assit sur les genoux de Ramsès et posa sa tête sur son épaule.

— Tu es le parfum de la vie et tu me donnes le bonheur. Nous pourrions être un couple comme les autres, savourer de nombreuses heures comme celle-ci…

— Il est délicieux, le rêve en ce jardin ; mais les dieux et ton père ont fait de toi le pharaon, et tu as fait offrande de ta vie à ton peuple. Ce que l’on a donné, on ne saurait le reprendre.

— En cet instant, il n’existe que les cheveux parfumés d’une femme dont je suis éperdument amoureux, des cheveux qui dansent avec le vent du soir et caressent ma joue.

Leurs lèvres s’unirent dans un baiser fougueux de jeunes amants.

 

Raia devait agir lui-même.

C’est pourquoi il se rendit au port de Pi-Ramsès, de moindre taille que celui de Memphis, mais dont l’activité était tout aussi intense. Avec une belle autorité, la police fluviale maintenait l’ordre lors de l’accostage et du déchargement des bateaux.

Raia convierait son collègue Rénouf à un copieux déjeuner dans une bonne auberge, en présence de nombreux témoins qui, si nécessaire, certifieraient les avoir vus plaisanter et festoyer. Ainsi serait établie l’excellente qualité de leurs relations. Le soir, Raia s’introduirait dans la villa de Rénouf et l’étranglerait. Si un domestique s’interposait, il subirait le même sort. Dans les camps d’entraînement hittites de Syrie du Nord, le marchand avait appris à tuer. Bien sûr, on attribuerait ce nouveau crime à l’assassin de Nénofar. Mais quelle importance ? Rénouf supprimé, Raia serait hors de danger.

Sur les quais, de petits commerçants vendaient des fruits, des légumes, des sandales, des pièces de tissu, des colliers et des bracelets de pacotille. Les acheteurs se livraient à un troc effréné, le plaisir du palabre étant l’ingrédient indispensable d’une acquisition satisfaisante. S’il en avait eu le loisir, Raia aurait réorganisé cette activité désordonnée afin d’en tirer davantage de profit.

Le Syrien s’adressa à l’un des contrôleurs du port.

— Le bateau de Rénouf est-il arrivé ?

— Quai numéro cinq, à côté du chaland.

Raia pressa le pas.

Sur le pont du bateau de Rénouf, un marin dormait. Le Syrien emprunta la passerelle et réveilla le garde.

— Où est ton patron ?

— Rénouf… Je n’en sais rien.

— Quand êtes-vous arrivés ?

— Au petit matin.

— Vous avez voyagé de nuit ?

— Autorisation spéciale, à cause du fromage frais de la grande laiterie de Memphis. Certains nobles d’ici n’en veulent pas d’autre.

— Après les formalités de débarquement, ton patron a dû rentrer chez lui.

— Ça m’étonnerait.

— Pourquoi ?

— Parce que le géant sarde, aux grandes moustaches, l’a obligé à monter sur son char. Pas l’air commode, ce type-là. Le ciel venait de tomber sur la tête de Raia.

 

Rénouf était un homme jovial, aux formes confortables, père de trois enfants, héritier d’une famille de bateliers et de commerçants. Lorsque Serramanna l’avait interpellé, dès son arrivée à Pi-Ramsès, il avait manifesté un grand étonnement. Comme le Sarde paraissait de méchante humeur, le marchand avait jugé préférable de le suivre afin de dissiper au plus vite le malentendu dont il était victime.

Serramanna le conduisit à grande allure au palais et le guida jusqu’au bureau d’Améni. C’était la première fois que Rénouf rencontrait le secrétaire particulier du roi dont la réputation ne cessait de grandir. On vantait son sérieux, sa capacité de travail et son dévouement ; Premier ministre dans l’ombre, il gérait les affaires de l’État avec une probité exemplaire, et ne se souciait ni de distinctions ni de mondanités.

La pâleur d’Améni impressionna Rénouf. D’après la rumeur, le scribe ne sortait presque jamais de son bureau.

— Cette entrevue est un honneur, dit Rénouf, mais j’en saisis mal la raison. J’avoue que cette brutale interpellation me surprend.

— Veuillez me pardonner, nous enquêtons sur une affaire grave.

— Une affaire… qui me concerne ?

— Peut-être.

— De quelle manière puis-je vous aider ?

— En répondant franchement à mes questions.

— Posez-les.

— Connaissez-vous une certaine Nénofar ?

— C’est un nom assez courant… J’en connais une bonne dizaine !

— Celle dont nous parlons est jeune, très jolie, célibataire, aguicheuse, et habite Pi-Ramsès où elle fait commerce de ses charmes.

— Une… prostituée ?

— De manière discrète.

— J’aime mon épouse, Améni. Malgré mes nombreux voyages, je ne l’ai jamais trompée. Je peux vous assurer que notre entente est parfaite. Interrogez mes amis et mes voisins, si vous ne me croyez pas.

— Sous serment et devant la règle de Maât, jurerez-vous que vous n’avez jamais rencontré la demoiselle Nénofar ?

— Je le jurerai, promit Rénouf, solennel.

La déclaration impressionna Serramanna qui, silencieux, assistait à l’interrogatoire. Le marchand semblait sincère.

— Étrange, constata Améni, irrité.

— Pourquoi étrange ? Nous, les marchands, n’avons pas bonne réputation, mais je suis un homme honnête et je m’en félicite ! Mes employés ont un bon salaire, mon bateau est bien entretenu, je nourris ma famille, mes comptes sont en règle, je paie mes impôts, le fisc ne m’a jamais rien reproché… C’est cela qui vous paraît étrange ?

— Les hommes de votre qualité sont rares, Rénouf.

— C’est regrettable.

— Ce qui me paraît étrange, c’est l’endroit où le corps de Nénofar a été retrouvé.

Le marchand sursauta.

— Le corps… Vous voulez dire…

— Elle a été assassinée.

— Quelle horreur !

— Ce n’était qu’une fille de mauvaise vie, mais tout assassinat est passible de la peine de mort. L’étrange, c’est que le cadavre se trouvait dans une maison de Pi-Ramsès qui vous appartient.

— Chez moi, dans ma villa ?

Rénouf était au bord du malaise.

— Pas dans votre villa, intervint Serramanna, mais dans cette demeure-là.

Le Sarde posa l’index sur un point précis du plan de Pi-Ramsès qu’Améni avait déroulé devant lui.

— Je ne comprends pas, je…

— Vous appartient-elle, oui ou non ?

— Oui, mais ce n’est pas une maison.

Améni et Serramanna se regardèrent ; Rénouf perdait-il la raison ?

— Ce n’est pas une maison, précisa-t-il, mais un entrepôt. Je croyais avoir besoin d’un local pour mes marchandises, c’est pourquoi j’ai acheté ces murs. Mais j’avais les yeux plus gros que le ventre ; à mon âge, je n’ai plus envie d’augmenter la taille de mon entreprise. Dès que possible, je prendrai ma retraite à la campagne, près de Memphis.

— Avez-vous l’intention de revendre ce local ?

— Je l’ai loué.

Un vif espoir brilla dans les yeux d’Améni.

— A qui ?

— A un collègue nommé Raia. C’est un homme riche, très actif, qui possède plusieurs bateaux et de nombreux magasins dans toute l’Egypte.

— Sa spécialité ?

— L’importation des conserves de luxe et des vases rares, qu’il vend à la haute société.

— Connaissez-vous son origine ?

— Il est syrien, mais installé en Egypte depuis de nombreuses années.

— Merci, Rénouf ; votre aide nous fut précieuse.

— Vous n’avez plus besoin de moi ?

— Je pense que non, mais gardez le silence sur cet entretien.

— Vous avez ma parole.

Raia, un Syrien… Si Acha avait été présent, il aurait constaté la justesse de ses déductions. Améni n’avait pas eu le temps de se lever, le Sarde courait déjà vers son char.

— Serramanna, attends-moi !

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